Bertrand Périer est un avocat et enseignant français spécialiste de l’art oratoire. Dans son livre, la parole est un sport de combat, il donne des clés pour améliorer son parler. Il présente des exercices et des astuces pour réussir un discours, un examen oral, un débat, un entretien, un rendez-vous amoureux… . En parallèle, il partage aussi de riches réflexions sur l’art oratoire. J’ai trouvé ce livre très plaisant à lire car le fond est captivant, les conseils sont précieux et la forme est efficace.
Points abordés :
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- la vision de l’auteur sur l’importance de la parole
- les principes pour adopter un langage non-verbal cohérent
- 4 habitudes à mettre en place pour mieux parler
- 8 conseils pour Gérer ses émotions et surmonter sa timidité
- des astuces pour structurer et élaborer son discours et enfin
- des conseils concrets pour
- débattre en toute circonstance
- réussir un entretien
- pitcher
- animer une réunion
- plaider comme un avocat
- parler dans le média
- prononcer un discours politique
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Fiche de lecture
Résumé : La parole est un sport de combat
“La parole est une force”
Pour l’auteur, la parole est une force. Elle permet à la fois de forger ses idées, de les affiner et de les partager. Pour cela, elle doit s’incarner dans des mots précis, s’appuyer sur un vocabulaire fourni et s’organiser dans une structure appropriée. Bien parler nécessite un entraînement et des techniques pour être à l’aise en public, structurer un discours, le délivrer avec aisance et convaincre en toutes circonstances.
Contrairement aux écrits qui restent, la parole s’adresse uniquement à ceux qui écoutent dans l’instant du discours.
Bertrand Périer a la conviction que le fait d’aider chacun à exprimer sa pensée de façon plus exacte, plus précise, plus argumentée, en bannissant les invectives et les propos rudimentaires, permet de faciliter le débat et fait reculer les violences de l’incompréhension.
Maîtriser le non verbal
A la télévision, même si l’on coupe le son, on peut avoir une idée assez précise de la tonalité des propos d’un orateur rien qu’en observant son attitude, ses gestes, ses mimiques. L’auteur explique que la force de conviction d’un discours passe à 60 % par le langage du corps, à 30 % par les inflexions de la voix et à 10 % seulement par les mots.
Il donne plusieurs conseils pour adopter un langage non verbal qui démontre de l’envie, du plaisir et de la détermination :
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- La posture : former un T avec son corps. Il faut bien s’ancrer dans le sol, se tenir droit, les pieds écartés dans le prolongement des épaules de manière à se sentir stable. Pour une posture assise, l’auteur suggère de ne jamais s’asseoir au fond de sa chaise. Les mains doivent toujours rester visibles.
- le regard : prendre le pouvoir avec le regard. Diriger son attention vers son audience permet de recevoir de nombreuses informations. Dans le cas d’un petit groupe de personnes, l’auteur conseille de regarder chaque personne alternativement. Pour une assemblée nombreuse située en face, il suggère de fixer un point au fond de la salle. Pour un public qui nous entoure (ex : amphithéâtre), il convient de balayer l’audience du regard en décrivant une trajectoire en forme de M et W.
- La gestuelle : allier le geste à la parole. L’idéal est de privilégier des gestes ronds, qui partent des épaules et font avancer les mains vers le public.
- Le débit : Articuler, ne pas parler trop vite, gérer ses silences. Le silence fait partie du discours. A ce propos, l’auteur conseille de commencer une prise de parole par un silence. Avant de parler, il faut prendre sa respiration quelques secondes, balayer l’auditoire et enfin parler. Cela permet de commencer son allocution les poumons pleins et de réduire la charge émotionnelle.
4 habitudes pour mieux parler
Bertrand Périer propose ensuite 4 habitudes pour enrichir son vocabulaire avec de nouveaux mots et limiter les termes qui ne valent rien dire ou qui n’ajoutent rien à la conversation.
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- Avoir une pratique régulière de la lecture.
- Jouer avec le dictionnaire et le parcourir régulièrement
- Varier son vocabulaire en utilisant des synonymes et en bannissant les verbes « être », « avoir » et « faire »
- Stopper les tics de langage polluants comme les « du coup » ou le fameux « euh », …
Gérer ses émotions et surmonter sa timidité
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- Dédramatiser la prise de parole. Il faut se dire que ce n’est évident pour personne
- Se convaincre que le public est bienveillant. La parole en public est un jeu gagnant gagnant.
- Être authentique. L’auteur conseille par exemple, d’oser avouer à son audience que la prise de parole en public est un exercice inhabituel et inconfortable mais que l’on va donner le meilleur de soi-même.
- Assumer ses erreurs. Il recommande de se reprendre si l’on commet une grosse faute de français, une faute de liaison, de syntaxe, de grammaire ou de conjugaison.
- Faire preuve d’autodérision. Il ne faut pas hésiter à se moquer de soi si l’on fait des fautes et si l’émotion nous gagne. Pour reprendre un exemple du livre, si l’on s’embrouille les pinceaux dans son discours on peut regagner le contrôle en disant : « Je vais reprendre, je vais préciser ma pensée car je me rends compte en parlant que ce n’est pas très clair. »
- Bien respirer pour se détendre.
- Se visualiser en train de parler avant de prendre la parole.
- Toujours avoir en tête un début et une fin pour son intervention.
Se mettre en voix
Une bonne technique vocale s’acquiert. Cela nécessite de bien respirer, de ne pas crier et de gérer ses émotions. Il faut aussi effectuer un basculement entre sa voix quotidienne et sa voix d’orateur. Un bon orateur doit être capable d’amplifier sa voix sans forcer et de la moduler tout au long du discours.
Structurer un discours
Structurer son propos est essentiel afin que l’auditoire ne soit pas perdu. L’auditeur doit être pris par la main et conduit là où le locuteur veut l’amener. Un discours structuré se compose de cinq temps :
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- Soigner l’exorde (le commencement). Dans un premier temps, il convient de susciter l’attention de l’auditoire et présenter sa thèse (l’idée générale que l’on va soutenir).
- Raconter une histoire (la narration). La narration ou storytelling représente le fil conducteur du discours. Il s’agit d’enchaîner les différents éléments de sa prise de parole de manière “harmonieuse”
- Énoncer les arguments (l’argumentation). L’auteur conseille de disposer les arguments les plus forts au début et à la fin de la démonstration. Il suggère aussi de les formuler de façon très claire et de les qualifier. Un exemple d’argumentation pour illustrer ces propos : je suis défavorable à la mise en place d’une nouvelle taxe pour deux raisons : une raison économique – “les citoyens vont perdre en pouvoir d’achat” et une raison sociale – “une taxe accentue les inégalités entre les pauvres et les riches.
- Réfuter les arguments adverses (la réfutation). En plus de démontrer que l’on a raison il faut prouver que l’adversaire à tort.
- Bien amener sa conclusion (la péroraison). La péroraison consiste à résumer sa thèse et achever le discours d’une façon telle que le public ne peut avoir aucun doute sur le fait qu’il est terminé.
Élaborer un discours
En complément des conseils pour structurer son discours, l’auteur donne plusieurs astuces pour l’élaborer.
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- Analyser le sujet. Examiner préalablement chaque mot du sujet pour se demander s’il n’a pas plusieurs sens
- Labourer le champ lexical pour enrichir le vocabulaire lié aux mots-clés du sujet (synonymes et antonymes)
- Déterminer des axes de démonstration et organiser les idées pour défendre la thèse
- Définir des formules et des images car c’est ce que les gens retiennent d’un discours.
- Bien rythmer son discours. L’auteur conseille de toujours se demander si l’on pourra dire chaque phrase que l’on écrit.
- Organiser visuellement son discours. Il faut scinder le texte en de multiples paragraphes en fonction de son rythme et l’annoter pour la lecture.
En parallèle l’auteur présente des choses à ne pas faire pour élaborer son discours :
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- éviter les vulgarités et les trivialités de tous ordres
- ne pas faire de métadiscours ou discours sur le discours
- s’abstenir d’utiliser des références à l’actualité car elles polluent souvent le discours
- s’abstenir des formules journalistiques
- éviter les poncifs, les banalités, les lieux communs…
L’improvisation
Pour Bertrand Périer, qui est un adepte de l’improvisation, la lecture d’un discours possède plusieurs inconvénients :
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- Elle empêche l’orateur d’adapter son message.
- Elle contribue à accélérer le débit de parole.
- Elle signifie au public que le message est déjà préparé à l’avance.
A l’inverse, l’improvisation a une réelle vertu d’authenticité. Improviser requiert de l’entraînement et une forte préparation. Comme le disait Winston Churchill : « Un discours improvisé a été réécrit trois fois. »
Cas pratiques
Débattre en toutes circonstances
Bertrand Périer distingue le débat privé du débat politique. Le premier sert à élaborer sa pensée. Le second sert à la faire triompher. En ce sens, dans le débat privé, on écoute pour comprendre. Dans le débat public, on écoute pour répondre.
Pour débattre en toutes circonstances, l’auteur dispense 4 recommandations :
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- Poser les termes du débat.
- Savoir formuler ses arguments de façon claire et concise.
- Penser au « coup d’après ».
- Éviter l’invective.
L’entretien d’embauche
L’entretien d’embauche a pour but de valider les motivations et le contenu de l’expérience du candidat. Bertrand Périer propose plusieurs principes pour le réussir
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- Préparer l’entretien en ayant les réponses à ses deux questions :
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- En quoi ce poste m’intéresse ?
- Qu’est-ce que je pourrais apporter à l’entreprise ?
- Mettre en adéquation ses motivations, ses compétences et sa personnalité avec le poste
- Prêter attention à la forme
- Avoir une tenue adaptée au poste
- Articuler de manière claire et détachée en ayant une voix et un débit équilibrés
- Adopter une posture simple en respectant quelques règles élémentaires : dos droit, regarder régulièrement son interlocuteur dans les yeux
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- Ne pas subir l’entretien, être actif.
- Prendre des notes pour marquer son intérêt.
- Clôturer l’entretien sur une poignée de main, un remerciement et une formule proactive pour exprimer sa motivation à poursuivre
- Transmettre une synthèse de l’entretien quelques jours après…
- Ne pas subir l’entretien, être actif.
L’art du « pitch »
« pitcher » signifie présenter oralement un projet de manière synthétique, claire, captivante, dynamique et enthousiasmante… .
Selon l’auteur, un pitch efficace se structure en 6 parties :
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- Le Problème : expliquer comment l’idée a germé grâce à une anecdote factuelle et/ou du storytelling.
- Les Opportunités : détailler les opportunités du projet et du marché sur lequel on se positionne.
- La Solution : exposer les caractéristiques majeures de sa solution.
- La « Timeline » : Présenter l’avancement du projet
- L’Investissement : Expliquer de quoi on a besoin : de fonds, de main-d’œuvre, de locaux, d’aide à la conduite du projet.
- La « Team » (l’équipe) : Présenter les personnes qui travaillent sur le projet
Animer une réunion
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- Sélectionner les participants avec attention. Ne convier que les personnes qui sont intéressées et concernées par le sujet.
- Au début de la réunion :
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- Présenter les participants s’ils ne se connaissent pas
- Spécifier la durée de la réunion
- Durant la réunion :
- Répartir la parole
- Acter les prises de décision lorsqu’un accord est obtenu
- Être dans l’écoute active. Chercher à comprendre le point de vue de ses interlocuteurs et reformuler leurs propos
- Formuler des questions ouvertes
- Faires des points étapes
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Plaider sa cause comme un avocat
La préparation
La préparation d’une plaidoirie consiste à :
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- Se renseigner sur le sujet
- Définir les éléments clefs à aborder
- Insister sur les points saillants de l’argumentation.
L’auteur suggère de ne jamais rédiger entièrement son discours.
La plaidoirie
Durant la prise de parole, il convient
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- Adapter son discours à ce que veut entendre le public
- S’appuyer sur les quatre catégories d’arguments :
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- les arguments de droit → « j’ai le droit de prendre 15 minutes de pause , parce que c’est prévu dans le droit du travail »
- les arguments de fait → « nous devons réduire notre consommation d’énergie car les énergies fossiles s’épuisent de façon accélérée »,
- les arguments de valeur → « tolérer la prostitution, c’est tolérer l’asservissement des femmes et la marchandisation de leur corps »
- les arguments d’émotion → « comment pouvez-vous encore consommer de la viande alors que chacun connaît le spectacle épouvantable de la souffrance animale ? »).
- Ne pas plaider soi-même sa cause.
- Prendre conseil auprès d’un tiers en cas de besoin
- Faire le détour de l’objectivité pour bien argumenter.
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Parler dans les médias
Le discours médiatique est un exercice difficile puisque l’orateur dispose d’un délai relativement réduit pour faire passer son message (souvent moins d’une minute). Les messages les plus efficaces s’appuient généralement sur le schéma suivant :
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- une présentation de l’idée
- un développement bref
- un exemple
- une conclusion
Quoiqu’il en soit, l’auteur recommande de :
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- Faire passer deux ou trois messages clés, pas plus.
- Être bref, clair, précis.
- Ne pas s’éloigner de son propos (quelles que soient les questions des interviewers)
Prononcer un discours politique
Bertrand Périer partage ensuite des conseils pour diffuser un message à portée politique. Il dégage 4 règles :
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- Obéir à la règle des 4 C : clair, court, cohérent, crédible.
- Utiliser le champ lexical qui correspond à votre famille, ou bord politique.
- Adapter sa parole à sa fonction (maire, député…).
- Utiliser le storytelling, incarner pour mieux toucher.
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