Olivier Roland est un entrepreneur nomade, libre et connecté. Depuis des années, il parcourt le monde, développe ses business en ligne et partage ses réflexions autour de l’entreprenariat et la liberté. Dans Tout le monde n’aura pas eu la chance de quitter son pays (lien affilié), il propose une remise en question des fondements de notre société à l’ère du numérique. La révolution digitale fait émerger un nouvel ordre qui disrupte les états-nations. La première partie décrit les principaux bouleversements causés par la révolution numérique et explique en quoi les organisations gouvernementales actuelles reposent sur des piliers déjà fissurés. La deuxième section détaille comment profiter concrètement de ce changement pour retrouver liberté, sens et prospérité. Du fait que le contenu est très dense, le résumé se découpe en deux épisodes : C’est parti !
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Partie 1 :

Partie 2 :

Résumé : Tout le monde n’a pas eu la chance de quitter son pays – Olivier Roland
Olivier Roland un nomade numérique multi-pays
En décembre 2014. Olivier Roland vit déjà un style de vie enviable puisqu’il travaille en ligne, voyage six mois par an, et jouit d’une liberté géographique totale. Mais en février 2015, il décide de quitter la France suite à la réception d’une lettre du RSI (impôts). Alors qu’il estime que les services publics se dégradent, le fisc lui demande de payer une somme disproportionnée par rapport aux revenus de son entreprise. Malgré la rectification de l’erreur, l’incident est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Moins de trois mois plus tard, en mai 2015, il s’installe à Londres. Il réduit ses possessions, transfère ses affaires et son entreprise en Angleterre. Se faisant, il fait des économies et il découvre alors une réalité peu perçue par les « mono-pays » : chaque État a ses failles et ses forces, et ceux qui n’en connaissent qu’un seul se laissent facilement berner par les discours officiels. Par exemple, il constate que le système de santé londonien est tout aussi attractif que le système français.
En 2018, l’appel du changement se fait à nouveau entendre et il déménage à Dubaï. Il y découvre un nouveau modèle surprenant : celui d’une monarchie absolue, couplée à des services publics de qualité, une culture de l’excellence, une faible pression fiscale, et un niveau de vie élevé. Alors que la crise du Covid frappe en 2020 et que les pays occidentaux se confinent, la vie à Dubaï continue presque normalement.
Au lieu de subir un système unique imposé par hasard de naissance, Olivier Roland comprend qu’il existe de multiples alternatives à découvrir et que l’on peut choisir où vivre, où contribuer, à quels principes adhérer… . C’est ce qu’il appelle la philosophie multi-pays, internationaliser son esprit et sa vie.
Partie 1 : L’effondrement silencieux des piliers du système
Du point de vue de l’auteur, il existe un ancien monde constitué d’états-nations qui est en bout de course, en particulier à cause de la révolution numérique.
10 principes intemporels
Pour son analyse, il s’appuie sur 10 principes intemporels que nous enseigne l’Histoire :
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- La puissance des gouvernements repose sur l’immobilisme de leurs sujets. Lorsqu’une population cherche à échapper au contrôle d’un État, celui-ci tend à restreindre ses libertés pour la retenir sur son territoire.
- Une technologie de communication bon marché et difficilement censurable est hautement disruptive. Par exemple, l’imprimerie a ébranlé la puissante institution cathologique.
- Les autorités cherchent à contrôler les nouvelles technologies qui diffusent des idées contraires à leur doctrine. Cela passe par des mécanismes pour définir « ce qui est vrai » et limiter l’accès aux contenus dérangeants.
- Les États qui interdisent une technologie sont perdants sur le long terme, car ils ne bénéficient pas des fruits de cette même technologie.
- Une inversion du rapport de force entre technologies d’attaque et de défense bouleverse l’ordre établi. A l’image de la poudre à canon qui a rendu les châteaux forts obsolètes, Internet fragilise l’État-nation.
- L’obéissance et la motivation des peuples dépendent directement des croyances qu’ils partagent.
- Les technologies de communication “bon marché” sont difficiles à censurer et permettent de changer les récits collectifs
- La cohabitation de récits contradictoires mènent souvent à des conflits. La guerre détermine la quelle vision s’imposera.
- Un pouvoir en place disrupté ne se rend jamais sans combattre
- De nouveaux facteurs, notamment technologiques, peuvent remplacer des institutions paraissant éternelles. A l’image de l’imprimerie qui a permis la naissance des États-nations, Internet est en train de redéfinir leurs fondations.
Les états-nations modernes sont disruptés par Internet
Olivier Roland identifie 13 socles disruptés par Internet.
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- Immobilisme des citoyens. Avec le télétravail et la mobilité internationale, de plus en plus de personnes peuvent s’expatrier, privant les États de revenus fiscaux.
- Le droit du travail. Les freelances à l’étranger échappent aux régulations locales, offrant aux entreprises un vivier mondial et moins coûteux, tout en restant avantageux pour les prestataires.
- Les goulets d’étranglement. Il s’agit de phénomènes massifs, décentralisés et internationaux,comme The Pirate Bay, les sites pornographiques ou l’utilisation des VPN qui échappent totalement au contrôle des États. Ces derniers sont démunis face à des millions de personnes qui coopèrent de manière décentralisée.
- La saisie des documents. La cryptographie rend possible la protection totale de données face à des gouvernements puissants.
- La monnaie. Les cryptomonnaies, en particulier Bitcoin, offrent un système monétaire décentralisé, non censurable et insaisissable, remettant en cause le monopole étatique sur la monnaie.
- Le contrôle des armes. Internet facilite l’accès à des connaissances et outils qui affaiblissent le monopole des États sur certains armements.
- L’identification des personnes. Anonymat et pseudonymat en ligne compliquent la surveillance et le contrôle.
- L’application de la loi. Les lois nationales s’arrêtent aux frontières – car les autorités n’ont le monopole de la violence physique qu’à l’intérieur de l’État dont ils dépendent. Or Internet n’a pas de frontières, il est donc difficile d’atteindre des contrevenants opérant depuis un autre pays.
- Le choix des lois. Les individus et entreprises peuvent « choisir » leur environnement juridique en changeant de pays.
- Les impôts. La concurrence fiscale entre pays et optimisation internationale (ex. GAFAM) réduisent les recettes et affaiblissent le pouvoir fiscal des Etats.
- Les fraudes transfrontalières. Les frontières compliquent les enquêtes et rendent certaines escroqueries presque impossibles à poursuivre.
- Le nation building et le sentiment d’appartenance. Les communautés en ligne, globales, fondées sur des valeurs communes, affaiblissent l’attachement au pays d’origine.
- La pertinence politique de l’État-nation. La mondialisation et les organismes supranationaux (UE, ONU, OCDE) limitent l’autonomie des États, dont la légitimité est remise en question.
En somme, Internet est un « nouveau Léviathan » : il décentralise, rend mobiles les individus et capitaux, efface les frontières physiques et juridiques, et transfère une partie du pouvoir vers des communautés, des technologies et des structures mondiales. Se faisant, les États-nations, même puissants, voient leur contrôle s’éroder à un rythme inédit.
Ce changement brutal survient au pire moment
Les conditions économiques et démographiques qui avaient soutenu leur prospérité au XXᵉ siècle disparaissent. Dans les faits, les promesses des Etats-nations restent identiques alors que les ressources nécessaires pour leur maintien s’amenuisent.
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- Les recettes fiscales sont de plus en plus difficiles à assurer. C’est le problème la courbe de Laffer : au-delà d’un certain seuil, augmenter les impôts réduit la base taxable, ce qui limite les recettes.
- La bombe démographique à retardement. La natalité baisse tandis que l’espérance de vie augmente, ce qui entraîne un déséquilibre entre actifs et retraités.
- L’endettement explose. Les dettes publiques atteignent des niveaux jamais vus hors périodes de guerre totale. Cela entraîne des risques majeurs : charges d’intérêts insoutenables, défaut de paiement, création monétaire massive menant à une inflation forte et à une perte de confiance des investisseurs.
- La hausse des impôts couplée à la baisse des services. En augmentant la fiscalité tout en réduisant les prestations (retraites, santé…), l’État s’expose à des risques de révoltes ainsi qu’un exil des élites.
- Le désengagement démocratique croissant. La perte de confiance et la lassitude citoyenne se traduisent par une baisse de la participation démocratique.
Devant ces difficultés, deux options s’offrent aux états-nations :
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- La voie autoritaire (comme le modèle chinois) avec une surveillance numérique permanente et l’utilisation de l’IA et du machine learning pour renforcer le contrôle social et politique.
- La voie clientéliste consistant à accepter un rôle réduit, traiter les citoyens comme des clients, et chercher à leur offrir le meilleur rapport qualité-prix en gouvernance.
En résumé, les États-nations sont piégés entre des ressources en baisse, des dettes record, une démographie défavorable et des attentes héritées d’une époque révolue. Leur survie dépendra de leur capacité à se réinventer… ou à contrôler plus étroitement leurs populations.
La tentation de la surveillance et du contrôle généralisé
Face à la perte de contrôle et de ressources, les États-nations sont tentés de renforcer la surveillance de leurs citoyens, souvent au détriment des libertés fondamentales. Cette tendance, exacerbée par les nouvelles technologies, risque d’entraîner un cercle vicieux où plus de contrôle conduit à moins de légitimité et donc… à encore plus de contrôle. Le phénomène s’observe déjà à différents niveaux :
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- La surveillance massive illégale, tout comme l’ont montré les révélations de Snowden. Il en résulte une prise de conscience généralisée et une adoption massive du chiffrement, qui affaiblit le pouvoir des États.
- La lutte antiterroriste et la dérive liberticide. Si le terrorisme repose sur une stratégie de coût asymétrique (c’est à dire provoquer une réponse bien plus coûteuse que celle de l’attaque avec des effets psychologiques et symboliques), alors chaque loi liberticide votée sous le coup de l’émotion pour le combattre est une victoire pour les agrésseurs car elle affaiblit les victimes.
- L’expansion des pouvoirs de saisie et de contrôle. Par exemple, des pouvoirs excessifs sont accordés aux douanes pour faire face à l’expansion du monde numérique.
- La surveillance financière et fiscale généralisée via l’échange automatique d’informations que l’on observe avec les politiques de KYC ou la volonté de développer les monnaies numériques de banque centrale.
Paradoxalement, les démocraties occidentales érigent le système chinois comme un contre modèle. Malgré tout, on ne peut qu’observer un développement grandissant de la surveillance automatisée et généralisé, avec des intrusions de plus en plus croissantes dans la vie privée des gens. La démocratisation des outils numériques facilite une collecte massive et peu coûteuse d’informations.
Le problème est qu’en adoptant des mesures de surveillance et de contrôle excessifs, les démocraties s’exposent à perdre leur crédibilité et leur attrait, sapant elles-mêmes les fondements de leur pouvoir à l’ère d’Internet et de la mobilité mondiale. Ce cercle vicieux se résume ainsi : Plus de contrôle engendre moins de légitimité qui provoque une fuite des talents et des capitaux ce qui se traduit par une accélération de l’érosion du pouvoir des Etats qui pousse vers encore plus de contrôle. Celà aboutit à une mort par les régulations.
Vers une mort par les régulations ?
Les régulations, censées protéger et organiser la société, se transforment parfois en instruments de contrôle excessifs, inefficaces et contre-productifs. Pour l’auteur, elles sont souvent décidées par une poignée de bureaucrates déconnectés, en dehors du débat démocratique, et appliquées avec un zèle qui frôle parfois l’absurde.
Il prend l’exemple des procédures KYC (Know Your Customer) et AML (Anti-Money Laundering). En théorie, elles visent à lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme. En pratique ? Elles coûtent une fortune aux banques, ferment arbitrairement des comptes, créent de la discrimination et partent du principe que vous êtes coupable jusqu’à preuve du contraire… alors même qu’elles ne permettent de récupérer qu’environ 0,05 % des fonds criminels.
Et ce n’est pas un cas isolé. L’Union européenne multiplie les réglementations mal ficelées comme le RGPD, qui devait protéger les données personnelles mais qui s’applique de façon inégale, coûte cher aux petites entreprises et crée une « balkanisation » d’Internet. Bref, de bonnes intentions, mais des effets pervers massifs.
Le problème est qu’à force d’empiler des lois et des règles, la société glisse dans un modèle où chacun est un criminel potentiel, et où les États peuvent cibler qui ils veulent. Résultat : ceux qui comprennent le système cherchent des alternatives – cryptomonnaies, comptes à l’étranger, diversification bancaire – pour réduire leur exposition.
Le “trop” de régulations étouffe la liberté, ralentit l’économie et pousse les citoyens les plus mobiles et innovants à partir. In fine, le problème s’aggrave.
La dictature de l’impôt
Saviez-vous que l’impôt sur le revenu n’est qu’une invention récente ? Il a été d’abord été introduit comme une mesure exceptionnelle… avant de s’imposer de manière permanente. Au moment de la mise en place, les opposants prévoyaient déjà des dérives :
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- L’État va s’engager sur une pente glissante qui va le rendre de plus en plus intrusif et totalitaire
- L’impôt progressif sur le revenu va conduire les plus pauvres à voter en masse une imposition de plus en plus forte des plus riches
- L’impôt progressif allait créer une désunion dans la nation, une brisure dans la solidarité démocratique
En théorie, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 garantit le consentement à l’impôt : chaque citoyen devrait pouvoir comprendre, accepter et suivre l’usage des sommes prélevées. Dans les faits, peu savent vraiment combien ils paient. Olivier Roland calcule que pour beaucoup de français, le taux réel d’imposition dépasse 50 % des revenus. A ce calcul, il faut ensuite ajouter l’inflation qui agit comme un impôt caché, grignotant le pouvoir d’achat des citoyens sans jamais apparaître sur une fiche fiscale.
L’auteur illustre la logique actuelle de l’impôt forcé par une analogie frappante : celle d’un inconnu qui nous oblige à donner de l’argent à un SDF… puis garde une partie pour lui. Une partie des recettes fiscales sert réellement à financer des services, mais une autre disparaît dans les méandres de la machine administrative.
Face à ce problème, l’autre suggère :
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- soit de devenir un « natif d’Internet » pour choisir la juridiction la plus proche de nos valeurs et besoins
- soit de s’installer dans des pays où le consentement à l’impôt est réel et où la balance fiscalité/services est acceptable.
En tout cas, à l’heure où les états-nations sont disruptés par le léviathan internet et où ils exercent un contrôle de plus en plus oppressant sur la population, il est urgent de retrouver liberté, sens et prospérité.
Partie 2. Conseils et principes pour tirer son épingle du jeu dans ce monde nouveau
Étant disruptés par le léviathan internet, les Etats-nations tendent à exercer un contrôle de plus en plus oppressant sur la population. Pour éviter de subir la dictature de l’impôt, la surveillance généralisée, ou la baisse de la qualité des services publics, la solution consiste à devenir un « natif d’Internet » afin de choisir la juridiction qui correspond le mieux à nos valeurs et besoins.
Briser les chaînes du “monopayisme”
Pour Olivier Roland, le fait de travailler et dépendre d’une seule juridiction revient à jouer avec un énorme handicap. Les monopays cumulent des angles morts et manquent de points de comparaison qui les rendent vulnérables :
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- Ils croient qu’il faut toujours convertir ses revenus dans la monnaie du pays où l’on vit.
- Ils répètent ce qu’on leur dit sans vérifier, et sont donc plus manipulables par leur gouvernement.
- Ils surestiment la puissance réelle de leur État, tout en ignorant les coûts et limites de la coopération internationale.
- Ils imaginent à tort que vivre à l’étranger est compliqué ou risqué, et sous-estiment les systèmes de santé étrangers.
- Ils ne voient qu’une partie des opportunités mondiales et restent enfermés dans les médias locaux.
Pour se libérer, l’auteur conseille de commencer par « internetiser » au maximum notre activité professionnelle. Plus notre travail est en ligne — et surtout asynchrone — plus on peut réduire les contraintes géographiques et augmenter notre liberté. Le Saint Graal reste d’avoir une entreprise 100 % web, qui tourne sans que l’on ait besoin d’être toujours connecté aux mêmes horaires que nos clients ou notre équipe.
Vient ensuite l’étape du nomadisme numérique. Contrairement aux clichés, il ne s’agit pas de voyager non-stop, mais de se libérer de la tyrannie de l’endroit, en alternant, par exemple, entre des périodes de voyages et des séjours plus stables. L’important est d’avoir le choix.
La philosophie multipays est aussi un état d’esprit qui vise à intégrer des communautés, assister à des événements, tisser un réseau d’amis partout dans le monde. Ces rencontres peuvent se faire via le travail, les loisirs ou même les applications de rencontre. Bref, le but est d’étendre ses racines dans plusieurs pays.
Sortir du carcan du monopayisme est un moyen de découvrir un no man’s land de liberté : un espace où les règles d’un seul pays perdent de leur impact grâce à la possibilité de tirer profit des avantages comparatifs des différentes juridictions du monde.
Ériger des défenses asymétriques pour se protéger
Après avoir expliqué que le monde ne se limite pas à un seul pays, l’auteur invite chacun à renforcer les fondations de sa liberté. Son approche consiste à mettre en place des défenses légales pour limiter le pouvoir des administrations et organisations. Le but est de se rendre suffisamment imprenable pour que l’on préfère s’attaquer à une cible moins bien défendue.
Première défense : Diversifier les pays (stratégie des 7 drapeaux)
La première protection est d’ériger des frontières invisibles avec la stratégie des sept drapeaux. Il s’agit de répartir ses actifs, résidences, et activités dans différentes juridictions. L’idéal est d’avoir 7 séparateurs, soit un pays différent pour chacun des points suivants :
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- Sa nationalité en ne possédant rien dans son pays d’origine.
- Sa résidence en choisissant un pays « normal » ou optimisé pour les nomades numériques.
- Son business en hébergeant son entreprise ailleurs pour créer une friction légale dissuasive.
- Ses terrains de jeu, c’est à dire les pays où l’on compte passer du temps
- Ses investissements, à loger dans une juridiction sûre et difficilement accessible.
- Ses comptes bancaires, en privilégiant les fintechs internationales pour sortir de la dépendance à une seule banque.
- Ses actifs numériques en sélectionnant des services (emails, hébergeurs, clouds) basés dans des juridictions protectrices.
Deuxième défense : le chiffrement
Le chiffrement est une armure numérique qui protège les données. L’auteur recommande plusieurs outils :
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- Proton Mail pour les courriers électroniques
- Proton Calendar pour l’agenda
- Des services Cloud et Notes chiffrés de bout en bout
- Signal pour la messagerie
- Un VPN et Tor pour sécuriser sa connexion et contourner la censure
- Les cryptos en ayant un stockage chaud pour l’usage quotidien et un portefeuille froid hors ligne pour sécuriser le reste de ses fonds.
Troisième défense : effacer ses traces
L’enjeu est de limiter les données que l’on laisse derrière soi.
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- Le mode basique consiste à naviguer sur le web sans être connecté à son compte.
- Le mode avancé revient à changer de navigateur et de moteur de recherche et d’installer des extensions qui effacent automatiquement cookies et historiques.
- Le mode expert repose sur le recours à des logiciels qui nettoient le système en profondeur.
En fin de compte, le but est de devenir un « carré lisse » en se donnant les moyens de rendre chaque tentative de saisie ou d’intrusion suffisamment complexe et coûteuse pour que l’attaquant abandonne et passe à une cible plus vulnérable.
Après avoir dressé les fondations défensives, Olivier Roland suggère de choisir une juridiction qui respecte la valeur que l’on apporte et qui réduit l’emprise fiscale.
S’expatrier pour diminuer son imposition et maximiser sa liberté
Dans la compétition mondiale des talents et des capitaux, les États jouent un double jeu qui vise à taxer au maximum leurs citoyens tout en séduisant les investisseurs étrangers. Résultat : certains pays accordent aux nouveaux arrivants des conditions fiscales nettement plus avantageuses que celles offertes à leurs résidents historiques.
A ce sujet, certains régimes perçus comme autoritaires offrent d’avantages de liberté aux nomades numériques. L’auteur cite plusieurs raisons :
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- un meilleur équilibre des pouvoirs entre l’individu et l’État.
- Un statut d’invité
- Le faible nombre d’interactions contraignantes
Dans les grandes lignes, tant que la valeur ajoutée est tangible et qu’aucune ligne rouge n’est franchie, les autorités se montrent souvent moins tatillonnes avec l’expatrié qu’avec leurs propres citoyens.
Le b.a.-ba de la fiscalité internationale
Olivier Roland explique ensuite le b.a.-ba pour éviter les pièges de la fiscalité internationale. D’une part, il faut comprendre qu’elle se joue à deux niveaux :
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- Les lois nationales, propres à chaque pays, qui sont souvent très différentes.
- Les traités fiscaux internationaux, qui prévalent toujours sur le droit national et permettent d’arbitrer en cas de conflit de résidence.
A ce propos, voici quelques règles de survie :
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- Éplucher la convention fiscale entre le pays de départ et celui d’accueil.
- Passer plus de temps dans la nouvelle résidence fiscale que dans l’ancienne.
- Éviter de rester majoritairement dans le pays d’origine après avoir “déménagé” fiscalement.
L’auteur établit ensuite une liste des juridictions à fort rendement liberté/imposition que l’on trouve sur tous les continents :
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- Europe : Grèce, Italie, Malte, Chypre, Royaume-Uni, Pologne – toutes avec des régimes de non-domiciliation ou d’imposition allégée.
- Amériques : Costa Rica, Panama, Nicaragua, Paraguay – fiscalité territoriale et coût de vie modéré.
- Afrique : Île Maurice – paradis tropical et fiscal.
- Asie/Moyen-Orient : Dubaï, souvent caricaturée mais offrant zones franches, propriété étrangère à 100 % et absence d’impôt sur le revenu.
Le point important est que l’on traîne généralement un lourd bagage de préjugés : Dubaï est associé à tort au pétrole, au bling-bling, ou à l’absence de nature ; l’Afrique est assimilée au chaos administratif ; l’Amérique latine est vue comme dangereuse. La réalité est plus nuancée. La meilleure façon de trier le vrai du faux reste de vivre sur place afin de se faire une idée.
Oliver Roland termine le chapitre en expliquant une configuration très prisée des nomades numériques : 1) avoir une résidence dans un pays ayant une taxation territoriale (qui ne taxe pas les revenus générés à l’étranger) ; et 2) avoir une LLC américaine qui allie crédibilité internationale, simplicité administrative, et fiscalité avantageuse.
Après avoir exploré comment l’expatriation permet de s’alléger des contraintes fiscales et politiques, l’auteur étudie de nouvelles formes de sociétés naissantes à l’ère d’Internet et de la mobilité grandissante.
Les nouveaux modèles de société
La combinaison d’Internet, des transports modernes et de la cryptographie ouvre un champ inédit : celui de concevoir, tester et déployer de nouveaux modèles de société. Loin des carcans étatiques figés, certains tentent d’innover comme on lancerait une start-up.
Expérimenter comme en laboratoire
L’histoire récente fournit déjà des tests grandeur nature, notamment avec la Corée du Nord et la Corée du Sud, avec la division de l’Allemagne, avec Singapour, Taïwan… Partis de points de départ comparables, mais ayant fait des choix de gouvernance divergents, certains territoires se retrouvent avec des écarts de richesse considérables au bout de quelques décennies. Ces exemples montrent qu’un changement de règles peut modifier drastiquement la trajectoire. Cependant comment tester de nouveaux modèles sans paralyser tout un pays ? Olivier Roland partage plusieurs expérimentations :
Charter Cities et Villes libres
Plutôt que de réformer tout un territoire, certains proposent de créer des enclaves où s’appliquent des règles spécifiques, à petite échelle, avec une adhésion volontaire. Próspera au Honduras repose sur ce modèle où les résidents ont le choix de la régulation (common law, pack prédéfini ou règles maison), la fiscalité est plafonnée par charte (10 % max), l’utilisation des monnaies est libre et la concurrence interne encouragée. Bref, le contrat social explicite, les infrastructures, les obligations d’assurance, la justice privée, etc… : tout fonctionne comme une entreprise devant séduire ses “citoyens-clients”. Malgré des avancées concrètes, la résistance politique demeure forte : la Cour suprême du Honduras a annulé le cadre juridique de l’initiative en 2024, freinant ces expériences.
États-réseaux et Syndicats en ligne (les nations du cloud)
Au lieu de se limiter à des territoires physiques, on observe aussi l’apparition du concept d’Etat-réseau reposant sur la logique des communautés en ligne et de la blockchain que l’on peut caractériser par :
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- la création d’une “nation” numérique.
- le recrutement à 100 % volontaire.
- le financement participatif des implantations physiques.
- la gouvernance transparente via smart contracts.
Même s’il n’y a pas encore de véritable État-réseau opérationnel, des formes hybrides existent déjà et préparent le terrain comme des “syndicats” virtuels rassemblant autour d’intérêts communs.
Seasteading : gouverner sur la mer
D’autres initiatives visent à utiliser l’océan comme territoire. L’idée est de construire des habitats autonomes flottants afin d’y tester des règles inédites hors des juridictions traditionnelles. L’espace est également un terrain de jeu envisagé même s’il reste inaccessible pour le moment.
Futarchie : voter sur les valeurs, parier sur les politiques
La futarchie est aussi un autre type de modèle de gouvernance notable qui se base sur les marchés de prédiction et la crypto. Les citoyens définissent des objectifs (santé, sécurité, prospérité), puis laissent des marchés trancher pour décider quelles politiques conviendront le mieux. Les décisions s’appuient alors sur des paris éclairés plutôt que sur des débats idéologiques.
Finalement, les expériences pacifiques de gouvernance alternative — physiques ou virtuelles — pourraient aboutir sur des systèmes plus efficaces, plus prospères et mieux adaptés à l’ère numérique. Comme l’Église catholique avant eux, les États-nations pourraient voir leur pouvoir s’effriter lentement, grignoté par l’innovation, la mobilité et la concurrence institutionnelle.
L’avenir pour les Etats-nations
L’ère de l’immobilisme s’érode. Une part croissante de la population est incitée à se déplacer, comparer et choisir ses juridictions. Résultat : la puissance fiscale et politique des États se fragilise. Pour endiguer le phénomène, les gouvernements ont deux stratégies :
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- Bloquer les sorties – lois contre l’exil fiscal, contrôles renforcés, taxation à la source.
- Attirer les entrants – régimes fiscaux légers pour les nouveaux arrivants
La grande perdante risque d’être la classe moyenne immobile, qui paiera plus pour des services publics toujours plus réduits.
Un État-providence en contraction
Avec l’endettement record et la difficulté à emprunter, les États vont devoir se recentrer sur leurs fonctions régaliennes : sécurité, justice, défense. Les inégalités internes vont se creuser, mais l’écart entre pays riches et pauvres pourrait se réduire grâce à la circulation des talents et des capitaux. L’auteur prédit un assombrissement de l’avenir pour les pays de l’Union européenne. Le toujours plus de régulations et de taxes étouffe l’économie et l’innovation, ce qui accentue le retard des pays européens par rapport aux États-Unis, la Chine et d’autres pays émergents. Face à la situation, les politiciens européens vont se tourner vers leur solution favorite : plus de régulations et recommenceront ce cercle infernal.
Pour rappeler un principe intemporel : les États qui gagnent temporairement en réussissant à interdire ou étouffer une technologie sont perdants sur le long terme, car ils ne bénéficient pas des avantages de cette même technologie.
Technologies : catalyseurs et champs de bataille
Pour Olivier Roland, la solution se trouve davantage dans la captation de la création massive de valeur qui va se produire. De nombreux progrès risque d’enrichir le monde :
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- Transport : retour du supersonique, Hyperloop, Starship
- Cryptos : Bitcoin, Ethereum, Monero…et leur adoption institutionnelle croissante, usage comme réserve de valeur, paiement transfrontalier.
- Intelligence artificielle : de l’AGI potentielle à l’automatisation avancée
- Starlink : Internet satellitaire capable de contourner les censures nationales, posant un défi direct à la souveraineté numérique.
Un nationalisme en mutation en proie à des contradictions
L’attachement au territoire et à la langue risquent encore plus de s’éroder avec l’essor des communautés mondiales en ligne. Le nationalisme pourrait connaître des flambées temporaires, portées par des discours populistes, mais la tendance de fond reste à la dilution de l’identité territoriale. En même temps, les démocraties accumulent des paradoxes que la mobilité et le numérique rendent de plus en plus visibles :
-
- Liberté individuelle vs contrôle géographique
- présomption d’innocence vs surveillance financière
- consentement à l’impôt vs multiplicité de taxes…
- Adhésion à un contrat social qui peut être unilatéralement modifié par les gouvernements
- Attachement à la langue nationale vs adoption de l’anglais au niveau mondial
Les contradictions auxquelles font face les états-nations s’observent déjà à différents niveaux :
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- Batailles gagnées temporairement : taxation de la classe moyenne, surveillance massive, disparition progressive du cash.
- Perdues à terme : interdiction des cryptos, fermeture des goulets d’étranglement, résistance aux DAO et aux infrastructures décentralisées.
Pour citer les termes de l’auteur “Le défi ultime pour les États-nations sera d’accepter cette nouvelle réalité : celle où la souveraineté territoriale devient moins importante que la capacité à offrir des services compétitifs et à s’adapter à un monde en réseau et ultra-mobile.”
Liste de propositions pour les etats-nations
Voici quelques leviers de transformation :
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- Traiter les citoyens et les résidents comme des clients : instaurer une culture du service, mettre en concurrence l’administration avec le privé et renforcer les droits des individus face à l’État.
- Réduire la taille de l’État : recentrer l’action publique sur ses fonctions régaliennes et laisser assurances santé et retraites au secteur privé.
- Attirer les nomades numériques : offrir des visas simplifiés, une fiscalité avantageuse et des infrastructures connectées de qualité.
- Créer une résidence numérique : permettre aux non-résidents de bénéficier de services administratifs à distance.
- Soigner l’expérience aéroportuaire : fluidifier les visas, simplifier les formulaires, offrir connexion Wi-Fi gratuite et immédiate, supprimer les obstacles inutiles comme l’achat compliqué de cartes SIM.
- Encourager la concurrence et casser les monopoles : y compris dans les services publics, pour stimuler l’innovation et la qualité.
- Lancer des initiatives “zéro bureaucratie” régulières : auditer et simplifier les procédures administratives.
- Garantir des droits numériques fondamentaux dans la Constitution : protéger la liberté en ligne et l’accès aux outils décentralisés.
- Éviter les taxes pénalisant la mobilité : pas d’exit tax, pas d’impôt sur la nationalité, pas de taxation des plus-values sur cryptos.
- Réformer en profondeur la fonction publique : supprimer l’emploi à vie, rendre la loi expérimentale et révisable sur résultats.
- Adopter ou accueillir de nouveaux modèles de gouvernance : cités libres, États-réseaux, partenariats stratégiques avec ces entités.
- Inscrire des plafonds fiscaux dans la Constitution : laisser la liberté monétaire et fixer des incitations claires pour attirer talents et capitaux.
Les nomades numérique : une force politique
Les nomades numériques, grâce à internet et leur mobilité, forment déjà une proto-nation en réseau. Dispersés mais connectés, ils représentent une avant-garde qui contribue à transformer l’ordre établi. En s’organisant, ils pourraient négocier directement avec les États et obtenir des avantages comme des visas facilités ou des zones économiques spéciales.
À terme, ces dynamiques pourraient mener à la création de cités libres et d’un État-réseau minimal, décentralisé et résilient. Ainsi, loin d’être de simples bénéficiaires, les nomades numériques pourraient devenir les véritables architectes du monde de demain.
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